jeudi 26 février 2009

Patrimoine Intangible de l'Humanité, al Carnaval de Oruro

Oruro, Bolivia
Dimanche 1er mars 2009
17h00


Le Carnaval d'Oruro
Chef-d'oeuvre du Patrimoine Oral et Intangible de l'Humanité










Week-end de Carnaval en Bolivie. Une expérience formidable à ne pas manquer dans toute l'Amérique latine, et même en Europe ou chez nous avec le Carnaval de Québec, mais disons seulement que la saveur est bien différente.











Long week-end: samedi, dimanche et deux jours de congés fériés, et le carnaval à Oruro n'arrête jamais, même la nuit. En réalité, il commence le jeudi avant le premier week-end et se termine 11 jours suivants. Au cours de toutes ces journées, ont lieu des cérémonies à caractère sacré et païen. La principale attraction du Carnaval d'Oruro, la procession ou pérégrination, a lieu le premier samedi matin jusqu’au dimanche soir, et ce sans arrêt pendant plus de 36 heures.










Pour me renseigner sur cet événement culturel pour moi jusqu'ici sans précédent, tellement ce fût intensément coloré, animé et soulevant, je m’inspire de la « très » scientifique publication spéciale du le journal La Patria, en l'honneur de l'édition 2009 du Carnaval d’Oruro.









La danse de la diablada est l’une des danses les plus traditionnelles de tout le Carnaval d’Oruro



Les fraternités de danseurs se forment au cours de l’année à l’intérieur, entre autres, des syndicats de différents métiers: il s’agit de préparer une fête de l’amitié, de la loyauté et de la prospérité, une importante tradition et une croyance toujours très vivante chez les travailleurs de Bolivie.





Les voilà mes amis, la dernière rangée au fond à droite. Michael, mon coloc, trois copines Québécoises et un Hollandais. Moi je ne me suis presque pas assise avec eux (pas parce que je ne les aime pas!), mais j'ai choisi de rester accroupie par terre en bas des estrades toute la journée pour prendre des photos de plus près. Et en plus j'aime pas les hauteurs. Mais je vous dit pas à quel point j'ai souffert d'élongations musculaires le lendemain. En plus des ballounes d'eau que je me suis prise par la tête!






Nous étions tous vêtues ainsi, d'imperméables à l'épreuve des ballounes d'eau et de la mousse en bonbonne que tout le monde prend un plaisir à se lancer, car le Carnaval c'est aussi la guerre de l'eau. Le matin en se rendant jusqu'aux estrades il fallait courir parce qu'ils étaient tous cachés sur les toits avec des sceaux d'eau. La première cible : les gringos (les étrangers) et encore plus les gringas blondes évidemment!!



Les voici, les lanceurs d'eau haut perchés. Les voyez-vous sur le toit?


Les toilettes turques, dont je vous épargne l'odeur (et pour lesquelles il faut payer)! Décidemment, c'est ainsi partout en Bolivie, et il paraît, même que c'était pire avant.



Une vendeuse de "focos", les ballounes d'eau qui sont responsables d'une grande partie de l'ambiance festive du Carnaval. On fait une bataille ? Douze pour 40 sous, ça vous va? Ou vous choisissez une bonbonne de mousse à 3$ ?


Pendant ce temps, l'enfant dort....



Une petite faim? Chicharon con mote? Morceaux de porc avec maïs, mais celui que les Nords-Américains donnent aux animaux... Les agriculteurs n'ont pas l'argent pour s'acheter les semences modifiées. Et on s'habitue! Même sans beurre, ni sel!


Non! Ils ont opté pour un sandwich de lomtito. Voilà de quoi nous avions l'air avec nos imperméables et nos guirlandes dans le cou! Michael, mon coloc Autralien et Lorraine, une coopérante Québécoise, en Bolivie depuis deux ans.








La signification de cette fête est avant tout une célébration, une dévotion à la Viergen de la Candelaria, connue à Oruro sous le nom de Virgen del Socavon. Tous les danseurs et les musiciens se donnent ainsi physiquement et moralement en hommage à la Vierge dans une danse qui fait référence, sommairement, à la lutte du bien contre le mal. Une croissance profondément ancrée dans la culture des populations des hauts plateaux de la Cordillère des Andes.









C'est sans doute pour ces costumes remplis de tradition et de savoir-faire, pour ces danses aux racines traditionnelles, ces musiques transformées par le temps, depuis aussi loin que 1781, et toute cette dévotion, cette magie, cette mysticité, que l'UNESCO a donné le titre au Carnaval d'Oruro en Bolivie : « Chef-d’œuvre du Patrimoine Oral et Intangible de l'Humanité ».



Los diablos qui sont subordonnés au pouvoir de Lucifer et de Satan et qui personnifient les sept pêchés capitaux soit la paresse, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l'envie.




Las Virtudes dansent aux côtés des diables représentant les 7 pêchés capitaux.







La pérégrination débute à l’extérieur de la ville et parcourt les rues, où de chaque côté sont installées des estrades bondées de gens. Les danseurs et les musiciens défilent jusqu’à procéder à une « entrée » majestueuse (les danses plus énergiques, la musique plus intense) à la « plaza central .

Ils se dirigent ensuite en hauteur dans la ville, sur les flancs d’une montagne qui a autrefois abrité une mine importante et sur laquelle on a construit la Cathédrale del Socavon . Cette église surplombe à la fois la ville et toute son histoire minières.



LA DIABLADA : la danse des diables d’Oruro
La diablada trouve son origine avant l’ère précolombienne (avant la venue de Christophe Colon). Il est possible d’identifier cinq grandes périodes dans son développement :

-la première, en 1789, se caractérise par la nécessité d’une manifestation spontanée.

-La seconde étape du développement Carnaval, remonte au début du siècle précédent, en 1900, avec la légende de la Nina Nina, faisant allusion au feu, en langue Aymara, ainsi qu’au nom d’un insecte ressemblant à une abeille dont le venin est mortel. C’est alors que les mineurs ont décidé de se vêtir de costumes de diables afin de vouer un culte à la Vierge del Socavon.

-Puis de 1940 à 1980, le Carnaval s’est institutionnalisé, et c’est à ce moment que le Samedi est devenu le jour de la grande pérégrination en honneur de la Virgen del Socavon. C’est aussi à cette période que la Fondation de la Gran Tradicional Autentica Diablada Oruro, auquel ont succédé tous les autres groupes de danses et musiques folkloriques.


En fait, le Carnaval de la tradition "oruroienne" est née dans les Hautes Terres de los Urus. Il constitue un moment important de l'expression folklorico-culturelle des habitants. Une cérémonie qui n’a pas sa pareille au cours de l’année. Les danses, les musiques, les chants, la nourriture, les rassemblements, tout est spécial, et caractérise le Carnaval, tout autant aux yeux des habitants d'Oruro, des Boliviens dans leur ensemble que des touristes.




- Aujourd’hui il y a cinq troupes de « diablados » qui participent au Carnaval d’Oruro, et toutes ont été fondées avant 1960. L’implication des femmes dans l’instauration de la tradition carnavalesque devient aussi beaucoup plus importante à cette époque qu’au moment de sa création.















Les chollitas (femmes indigènes portant les habits traditionnels)!











Voici ici une autre danse importante, los caporales.

Cette danse qui date de 1956 a été inspirée de la Saya, dansée entre autres par les Noirs qui habitaient autrefois Oruro, et qui trouve son influence idéologique dans le concept du pouvoir. Elle n’a pas de musique particulière, sinon qu’un heureux mélange de saya, de tunquidis et de negritos.








La tenue vestimentaire de los caporales a évolué avec le temps : des symboles appartenant à d’autres cultures ont été ajoutés, laissant place, par exemple, aux dragons asiatiques, et aux coupes plus excentriques. Les collectifs de danseuses se forment surtout dans les collèges, les universités et les milieux de travail.





































Les costumes sont fabriqués à la main, souvent par le danseur ou la danseuse (parce que moins cher que de le faire confectionner), avec des fibres, des tissus, des plumes, autrefois pris dans la nature, sur les oiseaux, etc. et aujourd’hui, dit-on, un peu plus synthétique. Leur valeur peut varier entre 500 et 1500$. Ce qui peut presque représenter un an de salaire pour les Boliviens.





Ce sont des danses de batailles, de véritables luttes pour obtenir la bénédiction de la Vierge, protectrice des mineurs de la région. Plusieurs participants à la pérégrination ont, bien qu’ils soient très chers, deux costumes. Un, pour le samedi, jour de l’Entrée de la pérégrination, et l’autre, pour le dimanche.







Bienvenue dans les coulisses. Pour les trouver il n'a fallu qu'une petite "vuelta" dans les rues avoisinantes en revenant du restaurant. Les coulisses font









La China Diabla : représente l’obscénité, elle a offensé l’archange Michel avec ses mouvements sensuels.


Les diablesses entourent les diables représentant les différents pêchés capitaux.




Los Osos : sont chargés d’ouvrir l’espace nécessaire à la démonstration de la diablada, et représentent aussi les êtres venus envahir leur territoire.





L'Alba. Au levée du jour. L'état d'excitation et d'illumination est à son maximum. Tout le monde a les yeux très brillant, et admire les danseurs et musiciens achevant à ce moment leur procession (parce que ce n'est pas tous les danseurs qui entrent à cette heure évidemment). Il est 7 heures du matin.











Los Naupas sont les diables âgés.










Tous les danseurs et musiciens entrent tour à tour dans l’église où ils se rendent à genoux jusqu’à l’hôtel, demandant la bénédiction de la Vierge. « Nous, tous les fils du diable, venons d’aussi loin que l’enfer afin de demander ta bénédiction, ta protection au travail et à la maison, mais aussi de nous accorder de manière inconditionnelle, à toutes les femmes et tous les hommes, une paix spirituelle. » Ce moment de procession dans la Cathédrale, je ne l’ai pas photographié par respect.





Mes amis Nathalie et Ariën.






À l’intérieur de l’église se trouve une entrée pour descendre à la mine. Au fond du trou se trouve San Simon, l’Ecko tio de la mina. À la fin du parcours de plusieurs kilomètres, les danseurs sont dans un état de transe, ils ont toutefois un sourire radieux. L’almanecer, l’alma, le lever du soleil, le summum de la pérégrination, se manifestent par un rassemblement de tous les musiciens dans un concert commun dans les estrades pendant lequel tous les spectateurs dansent et s’amusent.



Las wacas : une danse satirique dédiée à l’ignorance espagnole

D’autres personnages sont aussi présents dans la procession, par exemple, les guérisseurs, « médecins » de campagne, ceux qu'on appelle les « pasteurs » de llama, d’alpacas et de vicunas (lire « propriétaires de troupeaux »),



















Moi et ma "matraca" ou crécelle, dont le bruit, disent les grands parents, est censé rappeler les chaînes utilisées par les Espagnols dans les mines à l'époque de la colonisation. Que je me suis amusée avec cet instrument! L'idée, c'est de faire du bruit rythmé! Un vrai jeu d'enfant.















Les troupes de danseurs de la diablada d’Oruro ont voyagé dans plusieurs pays du monde dont en France, en ltalie, au Japon, en Allemagne, au Venezuela, en Suisse, en Hollande, aux États-Unis, mais jamais au Canada. Attendez que je contacte Guy Laliberté. Il faudrait absolument qu’il voit ça.

La cinquième période importante du développement du Carnaval d'Oruoro est sa déclaration au classement des Chefs-d'oeuvres de l'Humanité en 1959. par l'UNESCO. L’année prochaine, cela fera 50 ans que le Carnaval d’Oruro fera partie du riche Patrimoine Oral et Intangible de l’Humanité : légende, histoire, coutumes, religiosité, une célébration encore jalousement et fièrement protégée.

2 commentaires:

Lætitia Le Clech a dit…

Ouahh ! Oui en effet, tu t'en es donné à cœur joie !

Unknown a dit…

J'aimerais utiliser vos photos pour un exposé sur la Bolivie. L'exposé sera ensuite publié sur le site du college Charles Munch à Grenoble (France). voila le site du college: http://www.ac-grenoble.fr/college/grenoble.munch/
Merci